samedi 16 août 2014

Beaucoup de bois mort.. mais combien ? Test de la méthode de Van Wagner



L’objectif de ce projet est de tester in situ la méthode de mesure du bois mort mise au point par Van Wagner (1964).

Cette méthode, dite d’échantillonnage linéaire permet d’estimer un volume de bois mort au sol à partir de transects d’une longueur donnée. Concrètement, il s’agit de mesurer le diamètre des pièces de bois mort qui interceptent une ligne fictive mise en place pour l’échantillonnage. Selon la précision souhaitée, la longueur de cette ligne varie.



L’avantage de cette méthode est qu’elle ne nécessite que le diamètre interceptant la ligne, la longueur des pièces de bois mort n’intervient pas. C’est ce principe, du moins partiellement, qui est utilisé dans le protocole des Réserves Naturelles de France (Bruciamacchie, 2002).

Nous avons ajouté à cette méthode des placettes circulaires, à rayon fixe de 9 mètres (8,92 m pour une surface échantillonnée de 250 m²), situées à 36 m de chaque extrémité de transect. Dans ces placettes, nous mesurons le bois mort sur pied dont le diamètre est >10 cm et la hauteur > 1.30 m, en distinguant les arbres entiers des arbres cassés.

La finalité de ces mesures est d’étudier l’influence du volume de bois mort au sol et sur pied sur d’autres paramètres écologiques, et notamment sur la diversité des groupes végétaux (plantes, lichens, mousses,…).

Dans cet objectif, la station de recherche a fait appel à différents spécialistes des mousses et lichens, parfois extérieurs à l’Université de Varsovie, pour mener les inventaires de terrain (et l’identification des espèces).

Cette méthode, intéressante, nécessite néanmoins pas mal de journées de travail de terrain. Cependant, sa réalisation est assez aisée une fois deux concepts maîtrisés :

- Les classes de décomposition du bois mort, qui peuvent être enseignées en quelques heures sur le terrain.
- L’identification de l’essence en décomposition. Cette étape, plus délicate, nécessite d’assimiler certains indices pour identifier les espèces (écorce, branchaison, structure macroscopique du bois,…). Plus le bois est décomposé, plus la classification est délicate et évidemment cela devient parfois impossible d’arriver jusqu’à l’espèce. La distintion Résineux/Feuillus est cependant toujours franche et facile.

La progression est parfois rendue compliquée par la présence de nombreux bois morts au sol

Mesure de hauteurs à l'aide du Trupulse (c)













Une fois ces deux clefs de détermination maîtrisées, ce genre de relevés peut typiquement être réalisé par des groupes d’étudiants.
Ils n’accumuleront que peu d’erreurs sur la mesure et apporteront une force de travail non négligeable. De plus, la grosse lacune des recherches sur le bois mort est l’absence de suivi sur le long terme. Effectuer ce type de campagne de façon annuelle dans le cadre d’une formation universitaire s’avérerait intéressant (notamment dans la Réserve Biologique Intégrale). 

samedi 9 août 2014

Le chêne, icône de la forêt naturelle ?



Dans l'imaginaire de beaucoup de personnes, la forêt primitive regorge d'arbres immenses, pluricentenaires.
Le chêne, par les dimensions qu'il peut atteindre, ferait alors office de figure de proue d'une forêt rêvée !

En réalité, les chênes présents à Bialowieza, ou du moins leur abondance n'est qu'un écho des activités humaines passées.

En effet, la forêt de Bialowieza poursuit aujourd'hui une transformation amorcée plusieurs siècles auparavant...

Jusque au début du XVIIIe siècle, de nombreuses ruches étaient présentes dans la forêt. Les incendies étaient plus fréquents qu'aujourd'hui, notamment parce que certains apiculteurs tentaient de "nettoyer" le sous-étage afin d'accéder aux ruches.
Du fait de ces pratiques, le pin sylvestre représentait en 1800 environ 80 % de la surface forestière totale, d'après le conservateur de l'époque Julius Von den Brincken !

Les écrits d'époque apportent de précieuses informations lorsque l'on étudie des processus écologiques de l'ordre du siècle (Source : A. Bobiec (2013))
En 1820, le brûlage est interdit, et la fréquence des incendies aurait diminuée fortement. Dès lors, la proportion de pins diminue fortement, laissant la place à des peuplements d'épicéas ou de chênaies-tilliaies.

Modèle d'évolution des principales essences de la forêt de Bialowieza (Source : A.Bobiec, 2013)
A partir des années 1900, on constate que la régénération de chênes dans la forêt de Bialowieza est insuffisante pour assurer le maintien des peuplements.

A.Bobiec, chercheur à Bialowieza, pensait que le chêne se régénérait mais de façon diffuse, de telle sorte que cela ne ressortait pas dans les inventaires inventaires imprécis. On peut en effet observer de jeunes chênes dans certaines clairières !


Seulement, après une campagne d'inventaires dirigée par lui-même, M. Bobiec a du constater que la régénération de chêne était bel et bien insuffisante et qu'en conditions naturelles, la proportion de chênes allaient bien diminuer, suivant un modèle de population décadente.

Le chêne, très présent dans certains secteurs de la forêt, correspond donc davantage à un écho des activités humaines passées.


Il a bénéficié de l'arrêt de l'incendie, une première fois, en 1820.
Aujourd'hui, seuls les peuplements d'épicéas décadents et attaqués par les scolytes offrent des lieux de régénération suffisante. Ces mêmes peuplements d'épicéas se sont installés à la suite de la fin des incendies !
Régénération de chêne dans de grandes clairières, au sein de peuplements d'épicéas ravagés par les scolytes

Selon M. Bobiec, certains secteurs présentant une moindre proportion de chênes, avec une plus forte proportion de tilleuls et de charmes correspondent davantage à des reliques de forêt primaire.
On suppose aussi que les zones marécageuses, moins accessibles, sont à même de renfermer la plus grande naturalité.

samedi 2 août 2014

Retour sur une semaine de cours avec des étudiants de M1


Le professeur B. Jaroszewicz et les étudiants
La dernière semaine de  Mai,  nous avons participé aux cours d'un groupe d'étudiants du Master 1 "Environmental Management" de la Faculté de Biologie de Varsovie.

Ce cours dans la station de recherche de Bialowieza avait pour objectifs de sensibiliser les étudiants au travail de terrain, d'une part, ainsi qu'aux grandes lois qui régissent les écosystèmes forestiers, d'autre part.

Après une introduction théorique, nous avons formé des groupes pour faire des relevés dendrométriques au sein de la réserve du Parc National.

Ces relevés avaient pour but de distinguer les différences entre 3 associations végétales typiques du parc national : "Tilio-carpinetum typicum" (Charmaie-Tillaie), "Wet Tilio-carpinetum" (Charmaie-Tillaie plus humide et riche, avec frêne et ormes) et enfin "pine bog forest" (Pinède sur tourbe).

Les pinèdes sur tourbe
Maléna se transforme en dessinatrice de talent !
Le traitement des données incombait aux étudiants, tandis que nous avions une mission particulière : dessiner 1 transect de 20 mètres dans chaque association pour y observer comment les arbres y occupent l'espace.

Nous avons donc en fin de semaine suivi les présentations des autres étudiants, puis nous avons présenté notre propre interprétation des dessins que nous avions fait !

 Nous avons ainsi tenté d'expliquer comment les perturbations intermédiaires (décès d'un ou plusieurs arbres,...) amorcent un renouvellement permanent de la composition en espèces, classes d'âges, etc... et des différentes stratégies de survie présentes chez les arbres.
Exemple de diapositive utilisant le croquis








Pouvoir bénéficier des explications de notre maître de stage nous a été très bénéfique, et a permis de clarifier parfois certains points délicats.