samedi 9 août 2014

Le chêne, icône de la forêt naturelle ?



Dans l'imaginaire de beaucoup de personnes, la forêt primitive regorge d'arbres immenses, pluricentenaires.
Le chêne, par les dimensions qu'il peut atteindre, ferait alors office de figure de proue d'une forêt rêvée !

En réalité, les chênes présents à Bialowieza, ou du moins leur abondance n'est qu'un écho des activités humaines passées.

En effet, la forêt de Bialowieza poursuit aujourd'hui une transformation amorcée plusieurs siècles auparavant...

Jusque au début du XVIIIe siècle, de nombreuses ruches étaient présentes dans la forêt. Les incendies étaient plus fréquents qu'aujourd'hui, notamment parce que certains apiculteurs tentaient de "nettoyer" le sous-étage afin d'accéder aux ruches.
Du fait de ces pratiques, le pin sylvestre représentait en 1800 environ 80 % de la surface forestière totale, d'après le conservateur de l'époque Julius Von den Brincken !

Les écrits d'époque apportent de précieuses informations lorsque l'on étudie des processus écologiques de l'ordre du siècle (Source : A. Bobiec (2013))
En 1820, le brûlage est interdit, et la fréquence des incendies aurait diminuée fortement. Dès lors, la proportion de pins diminue fortement, laissant la place à des peuplements d'épicéas ou de chênaies-tilliaies.

Modèle d'évolution des principales essences de la forêt de Bialowieza (Source : A.Bobiec, 2013)
A partir des années 1900, on constate que la régénération de chênes dans la forêt de Bialowieza est insuffisante pour assurer le maintien des peuplements.

A.Bobiec, chercheur à Bialowieza, pensait que le chêne se régénérait mais de façon diffuse, de telle sorte que cela ne ressortait pas dans les inventaires inventaires imprécis. On peut en effet observer de jeunes chênes dans certaines clairières !


Seulement, après une campagne d'inventaires dirigée par lui-même, M. Bobiec a du constater que la régénération de chêne était bel et bien insuffisante et qu'en conditions naturelles, la proportion de chênes allaient bien diminuer, suivant un modèle de population décadente.

Le chêne, très présent dans certains secteurs de la forêt, correspond donc davantage à un écho des activités humaines passées.


Il a bénéficié de l'arrêt de l'incendie, une première fois, en 1820.
Aujourd'hui, seuls les peuplements d'épicéas décadents et attaqués par les scolytes offrent des lieux de régénération suffisante. Ces mêmes peuplements d'épicéas se sont installés à la suite de la fin des incendies !
Régénération de chêne dans de grandes clairières, au sein de peuplements d'épicéas ravagés par les scolytes

Selon M. Bobiec, certains secteurs présentant une moindre proportion de chênes, avec une plus forte proportion de tilleuls et de charmes correspondent davantage à des reliques de forêt primaire.
On suppose aussi que les zones marécageuses, moins accessibles, sont à même de renfermer la plus grande naturalité.

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