A Bialowieza, les 10 espèces de pics européens sont présents.
Or, le
pic, pour se nourrir, ne fait pas de cadeaux aux arbres qu’il attaque grâce
à ses puissants coups de bec. A
première vue, rien d’encourageant pour le forestier… Mais c’est mal connaître
l’écologie de cette espèce clef !
1.
Avant toute chose, il faut se demander objectivement quelle est l'étendue des dégâts que ces espèces
peuvent causer.
Sur
ce sujet, Il est vrai que les pics s’attaquent parfois à des arbres encore
vivants. Seulement, les dommages occasionnés sont disséminés, ils n’ont pas de
réel impact pour la gestion courante.
Le bois mort reste leur principale
source de nourriture et d’habitat ! (Legrand et Bartoli, 2005)
Par
ailleurs, les écorçages provoqués par les pics concernent des arbres colonisés et
généralement condamnés par les insectes sous-corticoles.
Mieux
encore, ces écorçages ont souvent lieu à un stade précoce du développement
larvaire des insectes, alors que les arbres ne présentent pas de symptôme
particulier (ils ont encore un houppier vigoureux,…). Ces écorçages sont donc
pour le forestier un outil précieux de détection précoce d’arbres contaminés
par les insectes !
2.
Ensuite, le forestier peut se demander si le pic ne pourrait pas participer à
la régulation des insectes ravageurs, étant donné qu’il sen nourrit.
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Pic tridactyle
(Source :http://www.wsl.ch) |
Dans
certaines zones, une telle régulation est en effet possible.
En
Suisse par exemple, le Pic noir et le Pic épeichette, et surtout le Pic
tridactyle participent à la régulation des scolytes. (Legrand et Bartoli, 2005)
Le
pic tridactyle est d’ailleurs surnommé « le spécialiste des scolytes »
(Nierhaus-Wunderwald, 1993 ; Miranda et Bürgi, 2005).
Evidemment,
il est inutile de tout faire reposer sur les pics. D’après Legrand et Bartoli,
la régulation fonctionne pour des densités d’insectes faibles. Néanmoins, la
présence d’espèces de pics joue favorablement pour le forestier.
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Traces de scolytes sur épicéa |
Enfin, les pics jouent un rôle clef pour l'écosystème forestier : ils forment un groupe d’espèces dit parapluies car
leur présence permet à d’autres espèces de se développer, parce qu'elles utilisent des cavités abandonnées pour nidifier, parce qu'elle se nourrissent du bois déjà attaqué par le pic,... Ces espèces
peuvent même être assez rares car spécialisées ! (Legrand et Bartoli,
2005)
Chouettes,
merles, etc… les habitants de la forêt qui bénéficient du travail de sape des pics
sont nombreux !
Maintenant
que la préservation des pics en forêt semble pertinente, le principal problème
pour nous est de savoir :
Quels
pics puis-je avoir dans ma forêt ? Comment les intégrer dans ma
gestion ? Comment procéder ?
Ces
questions, parfois peu évidentes, trouvent leurs réponses dans des notes de
service ou des fiches synthétiques réalisées par différents organismes. A titre
d’exemple, le tableau ci-dessous réalisé par l’Institut fédéral de recherches
WSL (en Suisse) qui présente, pour les habitats helvètes les plus fréquents les
pics potentiellement présents et les mesures de gestion associées.
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Source : B. MIRANDA, M. BÜRGI (2005) Les pics, habitants exigeants des forêts. ; Birmensdorf : Institut fédéral de recherches WSL, Notice pour le praticien, n° 40, 2005, 8 p. |
D’autres
démarches peuvent exister en France, comme les travaux réalisés par le PNR du
Haut-Languedoc dans le cadre de leur Charte Forestière de Territoire, qui ont
travaillé sur l’élaboration de guides simplifiés pour les propriétaires pour
intégrer les enjeux environnementaux dans la gestion courante.