dimanche 18 mai 2014

Qui dit pluie dit… travail de labo.


Après une semaine de pluie comme celle-ci, il était temps de présenter un peu le travail que l’on fait lorsque la météo ne nous permet pas d’aller en forêt !

Dans le cadre du projet Bois mort du doctorat d’Ewa (voir l’article sur le projet en cliquant ici), nous préparons les échantillons de bois prélevés sur le terrain afin de les analyser.

1. Pour ce faire, nous devons récupérer les échantillons,  et dans un premier temps les prédécouper.





2. Ensuite, nous les laissons tremper 20 min dans l’eau afin qu’ils s’imbibent suffisamment et que la mesure de leur volume ne soit pas faussée par quelque absorption d’eau que ce soit.


3. Pour mesurer leur volume, nous utilisons la bonne vieille technique qui consiste à mesurer la différence de volume d'eau. Mais si, vous aviez au moins fait ce genre de manipulation en TP de Géologie dans votre scolarité !



4. Une fois le volume mesuré, nous mettons les échantillons à sécher à l’étuve pendant au moins 2 semaines, à 55 °C.

5. Une fois secs, nous les redécoupons et les broyons afin d’obtenir une poudre grossière.

6. Cette poudre grossière est ensuite passée à la centrifugeuse pour obtenir une poudre fine.








C’est cette poudre fine, et plus précisément des tubes à essais remplis de 2,00 g de cette poudre fine qui seront analysés.

Mais pourquoi ? La réponse est dans le protocole, détaillé en cliquant ici.
 

samedi 3 mai 2014

Les pics, amis ou ennemis du forestier ?



A Bialowieza, les 10 espèces de pics européens sont présents.

Or, le pic, pour se nourrir, ne fait pas de cadeaux aux arbres qu’il attaque grâce à ses puissants coups de bec. A première vue, rien d’encourageant pour le forestier… Mais c’est mal connaître l’écologie de cette espèce clef !

1. Avant toute chose, il faut se demander objectivement quelle est l'étendue des dégâts que ces espèces peuvent causer.

Sur ce sujet, Il est vrai que les pics s’attaquent parfois à des arbres encore vivants. Seulement, les dommages occasionnés sont disséminés, ils n’ont pas de réel impact pour la gestion courante.
Le bois mort reste leur principale source de nourriture et d’habitat ! (Legrand et Bartoli, 2005)

Par ailleurs, les écorçages provoqués par les pics concernent des arbres colonisés et généralement condamnés par les insectes sous-corticoles.
Mieux encore, ces écorçages ont souvent lieu à un stade précoce du développement larvaire des insectes, alors que les arbres ne présentent pas de symptôme particulier (ils ont encore un houppier vigoureux,…). Ces écorçages sont donc pour le forestier un outil précieux de détection précoce d’arbres contaminés par les insectes !

2. Ensuite, le forestier peut se demander si le pic ne pourrait pas participer à la régulation des insectes ravageurs, étant donné qu’il sen nourrit.

Pic tridactyle
(Source :http://www.wsl.ch)
Dans certaines zones, une telle régulation est en effet possible.
En Suisse par exemple, le Pic noir et le Pic épeichette, et surtout le Pic tridactyle participent à la régulation des scolytes. (Legrand et Bartoli, 2005)
Le pic tridactyle est d’ailleurs surnommé « le spécialiste des scolytes » (Nierhaus-Wunderwald, 1993 ; Miranda et Bürgi, 2005).

Evidemment, il est inutile de tout faire reposer sur les pics. D’après Legrand et Bartoli, la régulation fonctionne pour des densités d’insectes faibles. Néanmoins, la présence d’espèces de pics joue favorablement pour le forestier.

Traces de scolytes sur épicéa
Enfin, les pics jouent un rôle clef pour l'écosystème forestier : ils forment un groupe d’espèces dit parapluies car leur présence permet à d’autres espèces de se développer, parce qu'elles utilisent des cavités abandonnées pour nidifier, parce qu'elle se nourrissent du bois déjà attaqué par le pic,... Ces espèces peuvent même être assez rares car spécialisées ! (Legrand et Bartoli, 2005)
Chouettes, merles, etc… les habitants de la forêt qui bénéficient du travail de sape des pics sont nombreux !

Maintenant que la préservation des pics en forêt semble pertinente, le principal problème pour nous est de savoir :
Quels pics puis-je avoir dans ma forêt ? Comment les intégrer dans ma gestion ? Comment procéder ?

Ces questions, parfois peu évidentes, trouvent leurs réponses dans des notes de service ou des fiches synthétiques réalisées par différents organismes. A titre d’exemple, le tableau ci-dessous réalisé par l’Institut fédéral de recherches WSL (en Suisse) qui présente, pour les habitats helvètes les plus fréquents les pics potentiellement présents et les mesures de gestion associées.
 
Source : B. MIRANDA, M. BÜRGI  (2005) Les pics, habitants exigeants des forêts. ; Birmensdorf : Institut fédéral de
recherches WSL, Notice pour le praticien, n° 40, 2005, 8 p.
D’autres démarches peuvent exister en France, comme les travaux réalisés par le PNR du Haut-Languedoc dans le cadre de leur Charte Forestière de Territoire, qui ont travaillé sur l’élaboration de guides simplifiés pour les propriétaires pour intégrer les enjeux environnementaux dans la gestion courante.